Haitiens, Un défi historique nous est lancé : celui de contribuer à l’émergence d’une Haïti fière, digne, et à la hauteur de sa glorieuse histoire.
La réintégration de l’Institution Militaire
n’est pas un cadeau, mais une Nécessité
Historique
Considérée comme un produit accidentel de l’histoire, c’est-à-dire du continent africain et européen, la nation haïtienne est issue d’une longue et douloureuse guerre sans merci, opposant la plus grande armée de l’ère, l’armée française à l’armée indigène dépourvue de tout, même du strict minimum. Ces soldats composant l’armée indigène, ont été transportés pour la plupart de l’Afrique pour suppléer au manque et à l’effacement rapide de la population indienne sur les plantations, les Espagnols, sous le gouvernement d’Ovando, s’adonnèrent, comme par la suite les Français, à la traite des Noirs. Le Code Noir de 1685 a même officialisé ce commerce abject. Les conditions infrahumaines dans lesquelles furent maintenus les noirs transportés d’Afrique à Saint Domingue pour suppléer la main d’œuvre indienne avaient nécessité la présence d’une armée coloniale visant à circonscrire toute réaction d’autodéfense. La mission de l’armée coloniale consistait en la sauvegarde du système colonialiste par l’application stricte de l’esclavage et du caporalisme agraire.
Les conditions atroces de l’esclavage provoquèrent le phénomène du
marronnage, qui fut dans un premier temps réprimé dans le sang. La
guerre d’extermination qui va se dérouler à partir de ce moment,
donnera lieu, de part et d’autre, à des actes d’une cruauté
inimaginable. Le supplice de la roue est utilisé pour de nombreuses
exécutions. On estime à une dizaine de mille le nombre des esclaves
rebelles tués pendant cette période. Néanmoins, animés de l’idée du
plus précieux bien à savoir la liberté, et voulant en jouir
pleinement, les militaires de l’armée indigène se sont dépassés,
transcendés, en dépit des pertes considérables dans leur rang, ils
ont défié et surclassé la redoutable, l’impressionnante et
l’imposante armée napoléonienne. Attaqués et sapés dans sa base,
les murs du système esclavagiste solidement édifiés étant fissurés,
s’écroulèrent peu à peu sous le poids des luttes sanglantes et
impitoyables de l’armée indigène.
En effet, celle-ci a donné naissance à un Etat libre, souverain et
indépendant le premier janvier 1804 aux Gonaïves baptisé du nom
Haïti. Dans l’acte de l’indépendance, nous
lisons :
« Armée indigène, Gonaïves, le 1er janvier 1804, l’an 1er de
l’indépendance. Aujourd’hui, 1er janvier mil huit cent quatre, le
Général en chef de l’armée indigène, accompagné des généraux, chefs
de l’armée convoqués à l’effet de prendre les mesures qui doivent
tendre au bonheur du pays ».
Cette nation, sur le plan historique a donc une dette envers
l’armée qui l’a conçu et l’enfanté. Pour honorer cette dette,
l’armée fut non seulement maintenue au lendemain de l’indépendance
par les dirigeants d’alors, mais elle fut aussi institutionnalisée
et constitutionnalisée. Ainsi dans toutes nos Constitutions,
jusqu'à la dernière en date, l’institution militaire a toujours
occupé une place de choix. Elle a été considérée comme un
patrimoine national, transmise en héritage par les pères de la
patrie de génération en génération.
En effet, de retour au pays après trois ans d’exil, le Président
d’alors a adopté une mesure spectaculaire mais tristement célèbre,
laquelle consiste à réduire mais au fait dissoudre les Forces
Armées d’Haïti. Cette décision n’a laissé personne indifférent:
simples d’esprit, intellectuels, hommes de loi, spécialistes et
hommes politiques tous ont analysé et commenté cette décision prise
par le chef de l’Etat.
En réalité, on peut les cataloguer en deux grandes catégories. La
première, regroupe les proches du président, aveuglés par
l’intérêt, la haine et le fanatisme, accueillent avec joie le
renvoi des Forces Armées d’Haïti au mépris flagrant de la
Constitution du 29 mars 1987. Cette catégorie ne tient pas compte
du rôle historique de l’institution militaire dans la naissance du
pays, son implication dans le corps social, la mise en péril même
de notre souveraineté et toutes les autres conséquences qui
découleront d’une telle décision.
La deuxième catégorie, la mort dans l’âme, au péril même de leur
vie, s’érige en défenseur de l’institution militaire. Elle
critique, dénonce ouvertement l’inconstitutionnalité de la décision
et relate entre autres certaines conséquences éventuelles.
Environ seize ans plus tard, après la démobilisation des Forces
Armées d’Haïti le constat est alarmant. Plus que jamais la
nécessité d’une force militaire se fait sentir et s’impose même. La
restauration des Forces Armées d’Haïti, répond à une exigence
historique, institutionnelle, constitutionnelle, sociale et
sécuritaire.
L’histoire de ce pays est liée et même indissociable à celle de
l’armée. On ne peut pas concevoir l’Etat d’Haïti sans l’armée. A
lorsque l’exécutif par son étonnante décision a dissout les Forces
Armées d’Haïti, contrairement au vœu de la Constitution en son
article 263 au premier alinéa qui prévoit :
« Aucun autre corps armé ne peut exister sur le territoire
national », il signe et maintient la présence des Forces
Armées étrangères sur le territoire national. Cela traduit le
caractère paradoxal de cette décision. La présence des Forces
Armées étrangères dans le pays ne constitue-t-elle pas assez
d’indices Clairs pour restructurer les Forces Armées d’Haïti et
faire d’elles une armée moderne, professionnelle et
crédible ?
En cas d’une éventuelle attaque d’une Force Armée étrangère, à qui
l’exécutif s’adressera-t-il ? A la société civile, au peuple,
Ou à la MINUSTHA ?
La dissolution de l’institution militaire a provoqué le
déséquilibre de la défense nationale et expose le territoire
national à des risques presque inévitables dans l’évolution du
droit et de la société à l’échelle internationale. Ce qui implique
un ensemble de lacunes dans l’environnement national, un manquement
au respect des traités internationaux. A cela s’ajoutent
l’insécurité et la défaillance du citoyen haïtien livré à lui-même,
dépourvu des notions élémentaires de nationalisme et de
civisme.
Un travail méticuleux capable de sensibiliser et de convaincre tous
les patriotes que le rétablissement de la souveraineté de l’Etat
haïtien passe inévitablement par la restauration d’une armée
nationale parait indispensable, et son, implication sur le plan
international.
Depuis le renvoi des FAD’H, le pays vit sous une forme hybride
d’occupation étrangère et sous la menace constante de groupes armés
dirigés par de véritables seigneurs de guerre. Dans ce contexte
d’insécurité généralisée, la nécessité et le rôle de l’Armée ne
sont jamais autant fait sentir, malgré la présence de la
MINUSTHA
Une armée haïtienne dont les membres font partie intégrante de la
nation et sont incarnés de l’idéal patriotique, du bien-être de la
société haïtienne constitue une force impalpable pour assurer la
liberté de l’Etat et par conséquent sa souveraineté. François
Sureau souligne clairement : « La liberté des individus
est régie par le droit. La liberté des Etats ou souveraineté est
réglée par la force ».
Une armée représente l’élément le plus achevé de la cohésion
nationale par sa mission spécifique et son organisation. Le
militaire haïtien bien préparé moralement et physiquement est donc
le plus nationaliste du corps social du fait qu’il est chargé de
défendre l’indépendance nationale et de sauvegarder l’intégrité du
territoire contre toute forme d’agression.
L’institution militaire conserve toujours un peu d’archaïsme par la
formation hiérarchique de ses membres et le rôle que ces derniers
sont appelés à jouer sur la scène nationale. La force dont dispose
l’institution sert à unir la nation dans un esprit d’ordre, de
discipline et de paix. Les conflits internes dans lesquels
l’intervention de l’armée s’avère obligatoire concernent l’ensemble
des citoyens. La virilité du soldat haïtien va faire de lui l’homme
de combat. Par sa puissance, les divisions traditionnelles qui ont
déchiré la société vont être cicatrisées. La preuve de la fermeté
du militaire haïtien contribuera à rétracter la délinquance aveugle
de certains membres du corps social.
Le militaire haïtien n’a pas à défendre ses intérêts personnels
mais plutôt l’intérêt général. L’oubli de soi est évident dans
l’institution militaire. La seule présence des militaires
sensibilise les citoyens à la vigilance.
La force publique composée de deux corps apparaît véritablement
comme la réunion des forces de tous les citoyens. Il va en résulter
une certaine harmonie des relations armée-nation qui suppose un
partage équilibré des responsabilités de l’un vis-à-vis de l’autre.
A ce point de vue la répartition des militaires sur l’ensemble du
territoire national maintiendra l’unité de la nation. Il s’avère
nécessaire de mettre emphase sur la nécessité historique et
constitutionnelle des FAD’H.
Génitrice de la société haïtienne l’armée a toujours été une
institution valorisée et constitutionnalisée à travers notre
histoire. A cet effet, il faut comprendre sa nécessité historique
et constitutionnelle.
La Fondation de l’Etat-Nation d’Haïti par l’Armée, Haïti est
prisonnière de son histoire, mais c’est le seul pays de la terre
fondé par une Armée à la suite de sa victoire militaire contre les
troupes ennemies de la colonisation française. L’Acte
d’Indépendance d’Haïti est signé d’Officiers de l’armée et d’un
seul civil, Boisrond Tonnerre. En 1916, l’occupant étranger
substitua une Armée à une autre Armée, mais c’était quand même
l’armée, force de dissuasion et d’ordre. Qu’en est-il de sa
nécessité constitutionnelle ?
La Constitution haïtienne prévoit dans son titre XI l’existence
d’une Force publique à deux composantes : une Armée et une
Police, chacune ayant ses missions propres ; aux militaires
les missions à caractère militaire et aux policiers les missions de
police et de sécurité des vies et des biens. Si l’on veut rester
dans la légalité et la constitutionnalité le principe du
rétablissement des FAD’H ne devait souffrir d’aucune contestation.
En outre c’est une nécessité sécuritaire.
Le bon fonctionnement d’une société est lié à la capacité de l’Etat
à créer un climat de sécurité stable et durable. Dans cette
perspective, la sécurité s’impose comme un impératif pour toute
société et la nôtre en particulier. A cet effet nous mettrons
accent sur la dissuasion des bandes armées, la lutte contre le
trafic de la drogue, la lutte contre le terrorisme, la surveillance
de nos frontières, l’intervention en cas de catastrophes
naturelles, participation aux tâches de développement.
On s’accorde à reconnaître que 16 ans après la suppression de
l’armée, cette absence a provoqué un vide qui a affaibli
considérablement la force publique haïtienne et déstabilise l’Etat
et avili l’image du pays. L’un des effets de ce démantèlement a été
la réapparition des seigneurs de guerre et des bandes armées que
combattent la MINUSTAH et la PNH.
En absence d’une armée nationale, ces bandes armées qui sont
extrêmement mobiles et qui disposent d’une capacité d’apparaître et
de disparaître à volonté aussi que de se fondre à la perfection
dans la population civile vont s’accroitre et perdurer. L’attaque
du Pénitencier National au cours de laquelle des criminels
excessivement dangereux qui y étaient incarcérés, ont été libérés,
a démontré le grand degré de faiblesse et de décomposition de
l’appareil sécuritaire de l’Etat. Les chefs de guerre, des bandits
de tout acabit, avaient disparu du paysage politique haïtien depuis
1920 et l’outil qui avait été créé pour les combattre et empêcher
leur réapparition était les anciennes FAD’H. Celles –ci étant
parties, les seigneurs de guerre sont revenus, et ils menacent
gravement notre existence comme entité étatique. Nous estimons
nécessaire l’existence d’une armée nationale moderne, disciplinée
et structurée pour pouvoir servir de potentiel de dissuasion à tous
ceux qui, au moyen de bandes armées veulent menacer l’Etat et
terroriser les citoyens. Nous insistons sur le fait que ces bandes
armées se sont livrées à de véritables actes terroristes contre la
population civile innocente, conformément à la définition des actes
terroristes par l’ancien Secrétaire Général de l’ONU M. Kofi
Annan.
Il est indispensable qu’une force armée nationale prenne le relais
des militaires de la MINUSTAH quand ces derniers seront partis.
Cette argumentation a d’ailleurs été reprise mots pour mots par des
diplomates et des militaires étrangers qui ont eu des conversations
privées avec certains commissaires mais, qui n’ont pas de mandat de
leurs gouvernements respectifs d’exprimer publiquement cette
opinion. C’est aux Haïtiens de voir clair par eux même sur ce
sujet. L’existence d’une armée nationale aurait aussi l’avantage de
permettre au Haut Commandement militaire de récupérer et de
sécuriser toutes les armes de guerre qui sont irrégulièrement en
circulation et ‘d’obéir ainsi pleinement au prescrit de l’article
268-3 de la Constitution de 1987 qui confère expressément aux
Forces Armées d’Haïti le monopole de la possession et de la gestion
des armes de guerre ainsi que leurs munitions. L’angoissant
problème du désarmement est un défit et ruine toute chance de
stabilité en Haïti. Une Armée nationale devrait représenter une
force de dissuasion permanente contre les bandes armées, car
autrement, ces dernières se reformeront sans cesse, et un
gouvernement haïtien du futur pourrait se retrouver à la merci de
n’importe quel coup de main audacieux organisé par ces bandes, et
se voir renverser du jour au lendemain. Il faudra aussi lutter
contre le trafic de la drogue.
Le démantèlement des FAD’H a fait de notre pays un boulevard de la
drogue et le volume du narcotrafic a augmenté considérablement ses
exportations vers les Etats-Unis, et beaucoup d’observateurs
nationaux comme étrangers, si ce ne sont les trafiquants eux-mêmes,
estiment que notre pays est devenu un véritable paradis pour les
narcotrafiquants et pour leur négoce. L’existence d’une armée
nationale déployée sur tout le territoire, dans ses composantes de
terre, de mer et de l’air, ferait diminuer le volume du narcotrafic
et réduire considérablement l’aisance avec laquelle les
narcotrafiquants opèrent actuellement sur notre territoire. Au
Mexique, pourtant pays de démocratie ancienne, le président Vicente
Fox a été obligé de faire appel à l’armée mexicaine pour combattre
les narcotrafiquants qui opèrent dans le nord du pays, la police
locale ne pouvant pas faire face à cette grave menace. Dans cet
optique les FAD’H contribueraient à empêcher que notre territoire
ne soit utilisé à des fins terroristes.
Haïti doit pleinement participer à la lutte contre le terrorisme.
Il est nécessaire de bien comprendre qu’un pays est le principal
responsable du fait de s’assurer qu’aucune attaque ne soit lancée à
partir du territoire contre un pays voisin. De la même manière que
les narcotrafiquants se sont rendus compte que notre pays n’est pas
défendu, de dangereux terroristes internationaux appartenant à un
réseau comme l’Organisation peut faire également la même
constatation et en tirer toutes les conséquences. Une pareille
menace n’est pas une vue de l’esprit et doit être prise au sérieux.
C’est une possibilité. Seule les Forces Armées peuvent faire face à
des terroristes prêts à tout, déterminés et disposant de moyens
d’actions insoupçonnées par la PNH dont la mission première est de
protéger et de servir. Les problèmes sont donc d’ordre
transnational et s’interpénètrent.
Youri LATORTUE dans son livre « Quelle force Publique
pour Haïti », écrit :
« Dans un récent article, le journal New York Times a annoncé
que le Ministre de la Défense des Etats-Unis envisage d’utiliser
désormais les forces américaines pour gérer les attaques
terroristes sur le territoire américain. Dans treize cas, les
forces armées viendront en appui à la police. Dans deux cas, les
forces armées seront totalement en charge des
opérations ».
Ceci représente un changement majeur dans la doctrine américaine
sur l’emploi des forces militaires sur le territoire national,
rendu nécessaire par la nouvelle conjoncture mondiale. Nous avons
intérêt à tirer profit d’un pareil changement de doctrine opéré par
la première puissance militaire de la planète.
Dans une très vieille démocratie comme la Grande Bretagne, la lutte
contre les terroristes et les preneurs d’otages est laissée aux
forces armées de Sa Majesté.
Les actes de kidnapping qui se sont multipliés récemment et ou les
personnes kidnappées ont été torturées, s’apparentent à des actes
terroristes. Parfois la PNH sait où se trouvent les rapts et les
victimes. Mais elle ne peut pas intervenir dans ces zones. Ces cas
nécessitent des moyens militaires pour maitriser des bandits
lourdement armés, combatifs et bien retranchés. Elle aidera aussi à
la surveillance de nos frontières.
Les frontières haïtiennes, terrestres, maritimes et aériennes ne
sont virtuellement plus surveillées depuis la suppression des
FAD’H. Les Forces Armées dominicaines se trouvent en raison de
cette situation de fait, responsable de la sécurité frontalière de
l’île entière, les Haïtiens n’étant plus en mesure d’assumer la
part du fardeau sécuritaire qui leur incombe normalement. C’est au
détriment de la défense nationale que la frontière
haitiano-dominicaine, reste la chasse gardée des militaires
dominicains.
Cette situation anormale est de nature à engager la responsabilité
internationale de la République d’Haïti. Cette armée reconstituée
peut intervenir en cas de catastrophes naturelles.
Au cours de l’année 2004, notre pays a été durement éprouvé par des
catastrophes naturelles. Le 23 mai, les localités de
Fonds-Verrettes et de Mapou ont été détruites par les eaux en
furie. En cette année du bicentenaire, la cité de l’indépendance a
été victime comme on le sait, de la tempête jeanne. Le séisme
dévastateur, meurtrier du 12 janvier 2010 qui a frappé surtout la
capitale, relance plus que jamais le débat sur la réformation de
notre armée. Ce séisme qui s’est transformé en catastrophe
naturelles, a laissé notre force de police sans voix et montre les
limites de cette institution par rapport à l’ensemble des dégâts
enregistrés en vie humaine et sur le plan mobilier. Une armée
nationale équipée et entrainée aurait pu sauver la vie à beaucoup
de nos concitoyens, faciliter l’évacuation des citoyens et leur
relocalisation, empêcher les actes de pillages et de vandalismes
perpétrés par des citoyens malhonnêtes sans conscience patriotique,
aider aux travaux de décongestionnement de différentes zones et
particulièrement les quartiers populaires abandonnés à eux
même.
La force multinationale dans le premier cas et la MINUSTAH dans le
deuxième et le troisième cas, ont mis tout en place pour apporter
des secours aux populations sinistrées. C’est un rôle qui est
normalement dévolu á des Forces armées nationales. Les
circonstances ont voulu qu’il y ait eu en ces occasions tragiques
des forces étrangères sur notre territoire, mais il faudra prendre
des dispositions drastiques appropriées quand elles seront
parties.
Les Forces Armées de par la Constitution doivent remplir des taches
de développement comme la construction et la réparation de routes
ayant à la fois un intérêt militaire et un intérêt général,
l’entretien et la réparation de ponts, d’écoles, de dispensaires,
le curage de canaux de drainage ou d’irrigation. De simples vœux
constitutionnels qu’ils étaient sont pour nous tous, ces tâches
doivent alors devenir des exigences palpables pour tous.. Le pays
serait représenté par l’implication de cette force militaire sur le
plan international.
L’institution militaire en Haïti repose sur des fondements
valables, vu qu’Haïti est à la fois membre d’organisations
mondiales et régionales. Par son statut de membre, il signe des
accords et peut participer éventuellement à des missions de paix.
Il apparait important de montrer : la valeur d’une Armée dans
le contexte international, dissipation des velléités d’occupation
du territoire, participation d’Haïti à travers son armée aux
missions de paix et de sécurité internationale, la revalorisation
du prestige national.
La démobilisation des forces armées d’Haïti crée un déséquilibre
des forces. On a ainsi observé une fenêtre de vulnérabilité,
d’infériorité ou de risque d’occupation de la République d’Haïti.
Les rapports de forces ne doivent pas être négligés face à la
nouvelle configuration du monde. La planète n’est pas vraiment le
village que l’on se plait à décrire. Les distances n’ont pas été
abolies par les techniques modernes. Haïti partage l’île avec la
République Dominicaine qui dispose des Forces Armées organisées. A
ce compte, il est un impératif pour les dirigeants haïtiens de
réformer les FAD’H. On a d’ailleurs assisté à un réveil d’intérêt
de ce dernier à la crise haïtienne. Plus l’écart entre les deux
Républiques voisines sera grand plus les problèmes de sécurité,
d’instabilité seront importants. L’ampleur des dysfonctionnements
entrainés par la dissolution de l’institution militaire met Haïti
dans une position de faiblesse. L’inquiétude de la population
dépend largement de la démobilisation des militaires haïtiens,
d’autant plus qu’il n’existe aucun consensus, entre le pouvoir
exécutif et la population, relatif aux mesures de protection.
Des menaces d’agression de toutes sortes pèsent sur le territoire
sans la présence d’une force de dissuasion. La volonté de se battre
ne se construit pas en un jour. Elle découle à la fois de la
perception du conflit et de la participation active de tous les
citoyens. Seul l’encadrement des troupes peut assurer le maintien
de la cohésion.
Il est illusoire de tabler sur des liens stables et continus.
L’évolution de la société moderne a montré la nécessité d’utiliser
ses propres moyens défensifs. La force apparaît non négligeable
dans la situation d’Haïti. La transformation que le monde connaît
est irréversible et rend de plus en plus aléatoire le raisonnement
conçu sur les traités. Hubert et René l’ont clairement
exprimé :
« Mise en place par les vainqueurs de la seconde guerre
mondiale l’Organisation des Nations Unies (ONU) n’a résolu
jusqu’ici aucun conflit d’envergure. L’assemblée générale à
majorité (tiers mondialiste) est réduite à une simple
tribune : le conseil de sécurité paralysé par l’opposition des
grandes puissances est voué à l’inertie. Pour de nombreux Etats les
règles et les valeurs de la vie internationale n’ont pas de
signification. Certains Etats sont même complices du terrorisme
international ».
Haïti, Etat souverain, est indépendant, mais sa liberté d’action
doit être évaluée dans l’environnement caraïbe caractérisé par
l’incertitude et l’instabilité. La République d’Haïti, de par sa
position géographique, apparaît fragile. La souveraineté de l’Etat
haïtien et la défense du territoire mérite d’être épaulée par une
force puissante capable de s’engager au besoin. De Gaule a démontré
l’importance de la force dans la nouvelle orientation du monde en
doutant de toute stabilité prolongée des Etats et des puissances
qui se partagent le monde. Il a souligné :
« Tient-on pour définitif l’équilibre d’aujourd’hui tant que
les petits veulent grandir, les dominer, les subsister ?
Comment stabiliser les frontières et la puissance si l’évolution
continue ? Et comme en réponse aux controverse qui en cette
année 1932 se tenait à Genève sur l’organisation du
désarmement ; De Gaule ajoute suffira-t-il de dire le droit si
l’on ne peut l’imposer ? Et il cite le cardinal de Retz :
les lois désarmées tombent dans le mépris. »
L’espace maritime doit être défendu : il s’agit moins de
détruire l’eventuel que de l’empêcher d’interférer dans les
affaires strictement relevées de la compétence haïtienne. La mer,
voie de communication essentielle, peut-être la base de départ
d’attaques.
Une aviation militaire est de toute importance dans la progression
des forces pour être à l’abri de toute attaque potentielle d’un
avion ennemi. On peut toujours utiliser ces matériels militaires à
des fins de distributions rapides en cas d’éventuelle agression. Et
certaines formes d’agression comme le terrorisme ou dans plusieurs
de ses conséquences, trafic de la drogue prennent des dimensions
telles qu’elles peuvent entraver la sécurité ou l’intégrité du
territoire, la vie de la population ou contrarier le respect de ses
engagements internationaux.
La reconstitution des Forces Armées d’Haïti à vocation prioritaire
la défense nationale, dissipe les velléités de la République
Dominicaine d’occuper le territoire national vieux depuis de deux
siècles. En d’autres termes, cette armée bien instruite et bien
équipée désoriente la République voisine. Obéissant à ce principe
de base selon Himmler Rebu qui veut que la meilleure défense soit
l’attaque. L’Armée haïtienne à rétablir se mettra sur pieds de
guerre pour manifester sa volonté d’attaquer la République
Dominicaine au cas ou celle-ci dépasse ses droits. Elle va ranimer
le sentiment patriotique perdu et former la conviction des Haïtiens
à être prêts à se sacrifier pour la patrie.
Cette armée aura à jouer une partie difficile. C’est à l’Etat de
prendre toutes les dispositions nécessaires pour qu’elle ne se voue
pas à l’échec. Cette institution rénovée va être considérée comme
le dernier rempart pour le renouveau national.
La responsabilité de cette Force Armée est éminente. La grandeur
d’âme de cette institution maintiendra la pression sur la
République Dominicaine. Elle écartera l’ambitieux projet de ce
concurrent dangereux prêt à souiller davantage la souveraineté de
l’Etat haïtien. L’armée doit réunir à cet effet toutes les forces
vives de la nation dans le but de préparer une défense puissante et
cohérente. Et l’armée va bénéficier du support moral de tous les
haïtiens pour contrecarrer les moindres attaques faites par la
République Dominicaine. C’est l’osmose entre le peuple et l’armée
qui déterminera la validité de toutes les stratégies.
L’armée aura la bonne conscience qu’elle est issue du peuple et
qu’elle ne sera pas réduite à retourner les armes contre ce peuple
mais plutôt à l’aider à convaincre le voisin de l’Etat de l’Est de
ne plus caresser ce rêve machiavélique : prétendre à
l’occupation du territoire haïtien. De ce fait l’armée haïtienne
pourra remplir valablement sa mission au sein des institutions
internationales pour la paix et la sécurité.
Les Forces Armées d’Haïti, une fois, reconstituée va frayer sa
place au sein des organismes armés internationaux pour la sécurité.
Sa reconstitution inspirée de l’idéal démocratique la fera admettre
pour la démocratie partout où celle-ci sera menacée. L’armée
haïtienne ne sera plus repliée sur elle-même, plutôt elle vivra
auprès des armées internationales expérimentées dans l’art de la
guerre. Très instruite elle sera apte à protéger la souveraineté de
l’Etat haïtien.
Haïti va respecter ses engagements internationaux conclus soit
bilatéralement, soit multilatéralement sur les questions relatives
à la défense.
L’organisation d’une armée triturée selon le vœu de la démocratie
réhabilitera la patrie haïtienne pour sauver l’ordre juridique
international. De plus la présence des militaires haïtiens sur le
territoire national donnera l’encadrement nécessaire aux organismes
internationaux pourvoyeurs d’aides.
L’Etat haïtien aura le privilège de relever sa tète et rejeter les
discrédits tachant l’honneur national. La solidarité internationale
repose sur la politique de défense armée érigée en principe
trouvera une application exemplaire en Haïti. Cette attitude
positive de l’Etat haïtien va montrer sa parité dans les relations
internationales et engendrer la revalorisation du prestige
national.
La mise sur pieds d’une armée nationale prête à rétablir la
souveraineté de l’Etat haïtien grandit ipso facto le prestige
national. L’humiliation qui s’abat sur l’être haïtien disparaît
pour que celui-ci puisse revivre les heures de gloire nationale
comme les autres peuples libres et indépendants. La gloire fondée
sur l’organisation démocratique des institutions nationales avec
esprit indomptable d’une armée débouté les étrangers avides
d’occupation et fait d’Haïti une nation civilisée.
Haïti ne sera jamais considéré comme le mauvais exemple. La
présence de l’haïtien, par sa conduite, va hausser le prestige de
la nation tout entière. Partout il sera de son devoir d’accomplir
de belles œuvres pour revaloriser la patrie haïtienne. Sa
prétention de faire preuve d’esprit civique dans le respect de la
loi se renforce par la crainte de la puissance armée. De ce fait,
l’haïtien va consentir tous les efforts possibles et imaginables
pour l’amélioration de son espace avec la restauration d’une armée
nationale. Il s’achemine inlassablement vers l’intérêt général avec
la collaboration de tous unis derrière une vraie armée nationale.
Il lui devient indispensable de professer des valeurs entachées
d’un haut degré de moralité. Et l’Etat haïtien se rapprochera des
autres nations civilisées de l’époque contemporaines.
Les Haïtiens seront couverts d’un sentiment de sécurité par la
présence de la force militaire susceptible de dissiper les craintes
inspirées l’un pour l’autre. Chacun va s’engager à assumer ses
responsabilités de citoyen vis-à-vis de l’autre dans la stricte
application des règles. L’Haïtien redeviendra maitre de sa vie en
protégeant celle de son voisin.
Conclusion
La force du lien historique qui unit la nation haïtienne à son
armée reste une évidence que personne ne peut nier ni contester. Ce
lien historique a toujours revêtu un caractère particulièrement
exceptionnel dû au fait que l’armée a forgé cette nation. Ainsi, le
rôle de l’armée dans la consolidation de l’indépendance et dans la
défense du territoire est resté une constante sacrée dans toutes
nos chartes constitutionnelles de 1805 à 1987, sans exception
aucune.
En dépit des faiblesses de l’armée, son suppression doit être
considérée comme une violation de la constitution et une mesure
irresponsable prise au mépris de la garantie sécuritaire de l’Etat
et de ses citoyens. Les conséquences fâcheuses de cette suppression
se traduisent aujourd’hui aussi bien par l’abandon à des forces
étrangères des missions incompressibles de l’Etat dont la défense
du territoire national, la surveillance de nos frontières, la
sécurité des citoyens, l’élection de nos dirigeants etc. ; que
la réapparition des seigneurs de guerre, avec comme corollaire
nuisibles l’intensification du trafic de drogue, l’insécurité et la
fuite des investissements.
Le principe du rétablissement de l’armée ne devrait donc souffrir
d’aucune discussion au regard de ses nombreux champs d’activités,
notamment ses interventions dans les catastrophes naturelles, son
apport dans les tâches développementales et sa répercussion sur
l’économie par la création d’emplois directs et indirects. Ce sont
donc là autant de vérités, de faits et d’arguments qui plaident en
faveur de la réformation de nos forces armées.
Du second renvoi de l’armée en 1994 à nos jours, le pays a connu de
façon ininterrompue la MINUHA, la MANUH, la MIPONUH, la MITNUH et
la MINUSTAH, toutes des missions militaires onusiennes, de surcroit
sans résultats, dont la seule présence répétitive devrait suffire à
justifier la nécessité du retour de notre armée, cette fois,
professionnelles et mieux organisées. Les dérives historiques de
contrôle du pouvoir entreprises au nom de l’armée, le prétexte du
cout élevé d’entretien d’une armée et l’exemple du Costa-Rica sont
des arguments qui ne font pas de poids dans la balance.
La PNH, aidée par la MINUSTHA malgré ses limites maintient un
climat sécuritaire fragile et précaire, mais personne n’est dupé
sur la solidité et sur la durabilité de la stabilité obtenue
actuellement avec la présence de la MINUSTHA sur notre sol.
Le renvoi intempestif de l’armée nationale a déstabilisé le pays,
et le pays y restera tant que l’armée ne sera pas rétablie comme
institution. Que personne ne se fasse d’illusions. C’est la triste
vérité. Le résultat épouvantable est la, seize ans après pour le
prouver et il s’impose à tous.
Cette décision salutaire et patriotique que doit prendre nos
dirigeants, doit écarter tout argument à caractère émotionnel,
sentimental ou idéologique, pour ne s’en tenir qu’à une approche
pratique de la problématique de l’existence d’une armée en Haïti.
Contrairement à une idée fausse, mais très rependue chez nous,
l’armée de nos jours ne sert plus en principe à faire la guerre.
Cette dernière est hors la loi, elle est de plus interdite par la
Charte des Nations Unies de 1945. La vocation actuelle des Forces
Armées partout dans le monde est tout autre. Nous n’avons besoin
d’armée pour faire la guerre à personne. En effet, C’est ici que le
concept d’armée de type défensif prend toute sa valeur, et c’est de
ce type d’armée dont nous avons justement besoin. Pour résoudre le
problème de l’insécurité et assurer la défense du territoire la
réformation des FAD’H se révèle indispensable.
RECOMMANDATIONS
Nous recommandons la restauration des FAD’H suivant un plan de
restructuration graduelle de leurs différentes structures.
Cependant, l’évidence de la nécessité du retour de l’institution
militaire ne doit point occulter les tares et imperfections
auxquelles il faudra nécessairement obvier dans la nouvelle
institution. Les Forces Armées reconstituées devront impérativement
répondre aux critères suivants : être une armée
professionnelle, à caractère défensif, de proximité, d’effectif
proportionnel à la taille de la population nationale, respectueuse
de la suprématie du pouvoir civil.
En plus des missions classiques et incompressibles dévolues à toute
armée régulière, la nouvelle armée aura des tâches spécifiques mais
l’emphase sera mise de façon particulière sur les missions
suivantes ; surveillance et contrôle de la zone frontalière et
des côtes haïtiennes, protection des forêts et des zones réservées,
participation dans la reconstruction du pays et d’autres tâches à
caractère social et de développement.
Des textes de loi pour la mise en œuvre du programme de
reconstitution des FAD’H devront être votés par le Parlement
notamment : une loi budgétaire spéciale établissant le budget
de la défense, une loi organique réorganisant les FAD’H dans toutes
ses composantes, une loi portant sur le statut général du personnel
militaire et protégeant la carrière des militaires, une loi sur la
commission permanente de la Défense, une loi sur le conseil de la
Défense, une loi sur la discipline générale des Forces Armées, une
loi mettant en vigueur un code de justice militaire, une loi créant
un tribunal spécial, sur le modèle des tribunaux spéciaux prévus
par la Constitution : le Tribunal Spécial Administratif
Militaire, enfin le Parlement devra voter pour la période
d’organisation des Forces Armées, une loi budgétaire spéciale,
déterminant la part du budget national qui sera alloué au budget
militaire.
De Gaule a considéré la force comme indispensable à la vie. Il a
ajouté :
« Sans la force, en effet, pourrait-on conserver la vie ?
Qu’on empêche de naitre, qu’on stérilise les esprits. Qu’on glace
les armes, qu’on endorme les besoins, alors, sans doute la force
disparaitra d’un monde immobile. Si non rien ne fera qu’elle ne
demeure indispensable. Recours de la pensée, instrument de
l’action, condition du mouvement il faut cette accoucheuse pour
tirer au jour le progrès. Pavois des maitres, rempart des trônes,
béliers des révolutions on lui doit tour à tour l’ordre et la
liberté. Berceau des cités, spectres des empires, fossoyeurs de
décadences, la force fait la loi aux peuples et leur règle leur
destin.»
Olicier PIERICHE, Avocat, Diplomate, Théologien
Ancien Consul Général de la République d’Haïti en Floride
Ancien Candidat à la Présidence, écarté illégalement par le CEP de
Gaillot Dorsinvil
Président du Parti RECONSTRUIRE HAITI RH/PREH
Telephone
(509) 38328377
(754) 779-2591
Info@partireconstruirehaiti.org
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